9.
Terreur

 

Je suis passée devant Bree dans le couloir, aujourd’hui. Je l’ai saluée, mais elle ne m’a pas entendue.

À moins qu’elle n’ait fait semblant de paraître soucieuse pour pouvoir m’ignorer. Je suis sûre que Morgan lui a dit que je quittais Kithic.

Je n’ai pas encore raté de cercle, pourtant tout me manque déjà. L’énergie que je puisais dans nos réunions. Le sentiment qui s’emparait de moi lorsque le cercle se déroulait bien et qu’il me semblait percevoir une puissance supérieure autour de nous. L’impression d’avoir une famille…

Enfin… peu importe. Je n’appartiens plus au coven. Les autres font ce qu’ils veulent, ce n’est plus mon problème. Je ne les mettrai pas en garde, je resterai à l’écart. J’ai déjà fait de mon mieux. À partir de maintenant, ceci n’est plus un Livre des Ombres, rien qu’un journal intime. Et je ne suis plus une apprentie sorcière, mais une simple lycéenne.

J’aurais sans doute fait une sorcière déplorable. Je ne suis pas assez courageuse.

 

Alisa

 

 

* * *

 

 

— Morgan, qu’est-ce que c’est que ce truc ? m’a demandé Jenna le lendemain midi en jetant un coup d’œil à l’assiette fumante que j’avais prise à la cafétéria.

J’étais assise à la table de Sharon, Raven, Jenna, Matt, Bree, Robbie et Ethan. Alors que, ces derniers jours, j’avais passé la plupart des pauses déjeuner à travailler à la bibliothèque dans une tentative désespérée d’obtenir de meilleures notes, là, je n’étais pas en état de me concentrer sur quoi que ce soit. J’ai regardé un à un ces visages familiers. Si ma moyenne ne remontait pas, je risquais de découvrir bientôt la cafétéria d’une nouvelle école.

— Du chili con carne. Je crois.

— Le même que lundi ? a demandé Matt.

Je lui ai répondu par un demi-sourire, mais Bree a émis un rire gracieux qui a ravi Matt. Jenna a levé les yeux au ciel avant de me jeter un coup d’œil inquiet. À quoi jouait Bree ?

J’étais assise d’un côté de la table, entre Robbie et Jenna. Sharon et Ethan étaient de l’autre côté, et Matt, pris en sandwich entre Bree et Raven, semblait au paradis. À l’inverse, Bree et Robbie n’avaient pas échangé un seul mot de tout le repas. Ce dernier scrutait son sandwich comme s’il essayait de le désintégrer par la simple force de son esprit.

— Vous venez tous chez moi, samedi prochain ? s’est enquise Sharon.

— Pas moi, ai-je grommelé, de plus en plus déprimée. Je ne peux pas venir au cercle. Je suis privée de sortie.

— Pourquoi ? Qu’est-ce que tu as fait ? m’a demandé Ethan en écartant ses mèches bouclées de ses yeux. Quelque chose de croustillant ?

— Même pas.

— Morgan n’est pas douée pour les transgressions, a expliqué Bree en gratifiant Matt d’une œillade langoureuse. Contrairement à d’autres.

— Tiens donc, a ironisé Raven. On veut des détails, Bree.

Sans répondre, Bree a continué à dévisager Matt, qui souriait béatement. Qu’est-ce qu’elle manigançait ?

Robbie s’est levé tout à coup.

— Je dois aller bosser à la bibli, a-t-il annoncé sans nous regarder. À plus.

Il a pris son plateau et s’est éloigné.

Lorsque Bree a croisé mon regard, j’ai froncé les sourcils. Elle m’a répondu par une grimace.

— Je reviens tout de suite, ai-je lâché en reculant ma chaise.

J’ai dû courir pour le rattraper tant il marchait vite.

— Robbie, attends, l’ai-je imploré en lui prenant le bras. Qu’est-ce qui t’arrive ?

— Je n’en sais rien, a-t-il répondu avec humeur. J’imagine que je n’avais pas envie de voir Bree en draguer un autre. Ça se comprend, non ?

— Je croyais que vous vous étiez séparés.

Ma remarque l’a stupéfié. Je le savais.

— C’est la version de Bree, en tout cas. Elle m’a dit que tu l’avais laissée tomber.

— Quoi ?

— Ce n’est pas le cas ?

— Bien sûr que non ! s’est-il emporté. J’ai juste dit à Bree que, à mon avis, on avait besoin d’un peu d’air. Depuis quelques semaines, on passe tout notre temps ensemble et… euh… Bree me paraissait un peu bizarre. Presque…

— Possessive ?

— Oui. Alors, j’ai préféré lui en parler. Moi, j’adorais qu’on ne se quitte plus, mais cela me semblait étrange venant d’elle. Tu sais aussi bien que moi qu’elle se lasse facilement, avec les mecs, et qu’elle va voir ailleurs. J’ai donc voulu ruser en lui proposant qu’on prenne un peu nos distances. Depuis, elle m’évite. Je pensais qu’elle ne faisait qu’appliquer ma suggestion. Bon sang, Morgan, tu crois que j’ai tout gâché ?

— Ce n’est pas ta faute, mais là, ça craint. Tu dois tout de suite lui parler.

— Pour lui dire quoi ?

— Que c’est un malentendu. On sait tous les deux que, dans le fond, Bree n’a pas confiance en elle.

— Pour certaines choses.

— Oui. Si elle a réagi de façon disproportionnée, c’est parce qu’elle tient à toi. Énormément. Et elle n’a pas l’habitude.

— Tu penses ?

— J’en suis certaine… Tu vas lui parler ?

— Oui.

La sonnerie a retenti alors qu’il s’apprêtait à retourner à la cafétéria.

— Va la voir après les cours, lui ai-je conseillé tandis que le couloir se remplissait d’élèves. Sans tarder.

— Merci, Morgan, m’a-t-il répondu en me serrant le bras.

J’étais contente d’avoir mis mon grain de sel dans leur histoire. Ça m’a aidée à supporter ma migraine.

 

* * *

 

Un peu plus tard dans l’après-midi, je faisais mes devoirs de maths dans le salon lorsque quelqu’un a sonné à la porte.

— Mary K., tu peux ouvrir ? ai-je braillé.

Même après quatre cachets d’aspirine, j’avais toujours un mal de crâne carabiné. Ma sœur n’a pas répondu. Pas étonnant. Elle avait mis la radio à fond dans sa chambre. Son entraînement de pom-pom girl avait été annulé au dernier moment. À présent, elle faisait prétendument ses devoirs avec sa nouvelle meilleure amie, Alisa. Elles avaient la même prof de français.

Dans un soupir, je me suis levée et je suis allée ouvrir en m’attendant à trouver des démarcheurs de Greenpeace ou un autre membre du fan-club de Mary K.

En regardant par le judas, j’ai vu Erin. J’avais complètement oublié que nous devions discuter de mes lectures sur l’histoire de la Wicca. Flûte ! Et maintenant, comme elle avait déjà dû sentir ma présence, j’étais obligée d’ouvrir la porte.

— Bonjour, Morgan.

Avec sa tresse, son jean et son sac à dos, elle ressemblait plus à une étudiante de l’université de Vassar qu’à une sorcière de quarante-sept ans.

— Bonjour, ai-je répondu en regardant nerveusement dans la rue.

Mon père et ma mère ne devaient pas rentrer avant plusieurs heures, mais je ne voulais pas prendre de risques. Je n’avais pas le droit de voir qui que ce soit en dehors du lycée et je savais que, s’ils me surprenaient avec Erin, je serais fichue.

— Est-ce que je peux entrer ? m’a-t-elle demandé, l’air perplexe.

— En fait, ai-je expliqué en la rejoignant sur le perron et en refermant la porte derrière moi, je suis punie. Parce que je suis revenue trop tard, hier. Je n’ai plus le droit d’avoir de visiteurs. Je suis censée rentrer directement du lycée et travailler : pas de télé, ni de téléphone, ni rien.

— Je vois, a-t-elle répondu d’un ton neutre. Et cela va durer combien de temps ?

— Deux semaines, lui ai-je appris en grimaçant.

— Morgan, je ne suis là que pour quelques jours. Comprends-tu ?

Elle avait raison. D’accord, j’avais des problèmes familiaux, mais elle était venue d’Écosse exprès pour me voir et, jusqu’à présent, elle n’avait pas eu l’occasion de m’apprendre quoi que ce soit. Il y avait toujours un imprévu. Si je ne la laissais pas entrer, son voyage aurait été pour ainsi dire vain.

— Je t’ai apporté d’autres livres, a-t-elle ajouté en faisant passer son sac à dos sur son ventre. Certains viennent de ma propre collection d’ouvrages sur les sorcières irlandaises au Moyen Âge.

— J’étudie justement la persécution des sorcières.

— Alors, si nous travaillons sur ce sujet ensemble, ce sera presque comme si tu faisais tes devoirs, pas vrai ? a-t-elle ajouté d’un air faussement innocent.

Il n’en a pas fallu davantage.

— Entrez. Nous devrons être prudentes, car ma sœur est là.

— Oh ! ne t’inquiète pas pour moi, je serai discrète.

Tout en montant l’escalier, elle a lancé un sort de dissimulation pour que Mary K. ne puisse ni la voir ni l’entendre. Ce qui était improbable de toute façon, vu le volume de la musique qui résonnait dans sa chambre.

— Désolée pour le bazar, me suis-je excusée en faisant tomber par terre la pile de vêtements qui encombrait mon lit.

J’ai dû déranger Dagda, qui s’est étiré dans un miaulement de protestation. Erin s’est dirigée vers lui pour le gratter sous le menton.

— Il est adorable, a commenté Erin pendant qu’il ronronnait de bonheur.

J’ai souri. Dagda avait bien grandi. Il ressemblait maintenant à un chat adolescent dégingandé avec ses grands membres et le bout de ses pattes qui paraissait disproportionné par rapport au reste de son corps. Ces dernières semaines, il avait passé son temps à dormir ou à courir à toute vitesse dans la maison – en pleine nuit, de préférence.

— As-tu fini L’Héritage des Sept Grands Clans ? m’a demandé Erin en posant son sac au sol.

— Je n’en suis même pas à la moitié, ai-je gémi.

Elle m’a dévisagée un instant.

— Comment te sens-tu ?

— Mal. Je n’arrive pas à me débarrasser d’une horrible migraine.

— Tu as l’impression de prendre des coups de couteau dans le crâne ?

— Exactement.

— Est-ce que tu peines à respirer ?

— Oui. C’est normal ?

— J’en ai bien peur.

Erin m’a pris le poignet pour tâter mon pouls. Elle est restée pensive un instant.

— Je suis désolée, Morgan. Je sais que c’est difficile.

C’était étrange. Je m’étais tellement habituée à ce que la magye s’écoule en moi que j’avais à présent l’impression d’être une canalisation bouchée. Je me sentais terriblement vide, et inutile.

— Avant de commencer, nous devrions méditer un peu, a-t-elle poursuivi. Cela devrait t’éclaircir les idées et diminuer la douleur.

J’ai aussitôt sorti mon autel de ma penderie. Erin a allumé l’encens et la bougie pendant que je traçais un cercle sur le sol et éteignais la lumière. Après être venu renifler l’autel, Dagda a détalé vers la porte. Je lui ai ouvert et me suis assise en face d’Erin, dos à la salle de bains qui reliait ma chambre à celle de Mary K.

Erin m’a pris les mains. Dès que ses doigts lisses et froids m’ont touchée, une force apaisante s’est diffusée en moi. Dans le silence qui s’est installé, j’ai senti la magye vibrer dans la pièce.

Fais le vide. J’ai entendu ses paroles, alors qu’elle n’avait rien dit. Une image s’est imposée à moi : Erin, debout devant moi dans un champ doré, vêtue d’une robe bleue chatoyante ornée de symboles ancestraux. Relâche la douleur. Dans ma vision, elle a tendu la main vers moi et sa robe a claqué dans le vent.

Lorsqu’elle m’a touchée, la pointe qui me perforait le crâne s’est un peu apaisée. J’avais toujours un peu mal à la tête, mais c’était supportable, et je n’étais plus oppressée. J’ai inspiré un bol d’air frais. Je me sentais infiniment mieux.

Nous nous sommes souri, Erin et moi.

Soudain, on m’a tapé dans le dos. Quelqu’un hurlait derrière moi. J’ai ouvert les yeux en criant et j’ai vu Erin chuter devant moi. Tout tombait, elle, le sol, l’autel. Erin a resserré sa poigne, et mes muscles se sont tendus tandis que j’essayais désespérément de ne pas la lâcher. Je m’attendais à ce qu’elle me supplie de ne pas la laisser tomber.

— Oh, mon Dieu ! a hurlé la personne derrière moi.

Je me suis tournée. C’était Alisa. Son visage était blême et couvert de sueur. Elle semblait déstabilisée, comme si elle n’était pas certaine de savoir où elle se trouvait. Quelque chose dans sa position clochait terriblement. Debout, elle se cramponnait au montant de la porte de la salle de bains. Et, alors que j’étais assise, je la regardais dans les yeux.

— Oh, mon Dieu ! a-t-elle crié encore une fois, l’air horrifié.

Ce n’est qu’à cet instant que j’ai compris ce qui se passait. Je lévitais.

Frappée de terreur, j’ai paniqué. J’allais tomber d’une seconde à l’autre ! Erin a fermé les yeux et proféré un son guttural. J’ai commencé à descendre tout doucement.

Le teint d’Alisa était verdâtre. Elle a reculé d’un pas, puis s’est enfuie dans le couloir. Alors que ses pas résonnaient dans l’escalier, Dagda s’est élancé à sa poursuite.

— Qu’est-ce qui se passe ? a hurlé Mary K. depuis sa chambre.

Elle avait éteint la musique.

Je n’étais plus qu’à quelques centimètres du sol lorsque, soudain, je suis tombée lourdement sur mon tapis de jute.

— Je n’y suis pour rien, ai-je dit aussitôt en levant la tête vers Erin.

— Je sais.

En la regardant avec attention, j’ai compris qu’elle était terrifiée.

J’ai entendu Mary K. dévaler les marches et la porte claquer. Puis des pneus ont crissé et un hurlement terrible a retenti dehors.

Mary K. ! Je me suis relevée d’un bond pour descendre dans la rue le plus vite possible. Erin sur les talons, j’ai traversé la pelouse boueuse comme une flèche et me suis arrêtée près de ma sœur qui se tenait sur le bord de la route, immobile comme une statue, une main sur la bouche. La silhouette d’Alisa disparaissait au loin – elle rentrait chez elle en courant, sans doute. Mais ce n’était pas elle que ma sœur observait. J’ai suivi son regard : elle contemplait une voiture arrêtée devant chez nous. La portière s’est ouverte et une femme imposante s’est précipitée à l’extérieur pour s’accroupir près de son pare-chocs.

Au début, j’ai cru qu’elle avait percuté un bout de bois. Puis j’ai vu la chose bouger. Une petite patte grise a remué faiblement.

Dagda…

Ma gorge s’est nouée. En relevant la tête, la femme nous a vues.

— À l’aide ! s’est-elle écriée, les larmes aux yeux. Mon Dieu, je suis désolée ! J’adore tellement les chats ! Il a surgi de nulle part, a-t-elle ajouté en me regardant avec désespoir.

J’étais incapable de lui répondre. Sans un mot, je me suis penchée vers mon chat.

Les sanglots de la conductrice ont redoublé.

— Je suis vraiment… navrée, a-t-elle réussi à articuler.

Dagda a ouvert les yeux, avant de les refermer. Il était vivant ! Cependant, même s’il ne saignait pas, je devinais qu’il était grièvement blessé. J’ai voulu projeter mon esprit en lui pour en avoir le cœur net, sans succès. Mes pouvoirs diminués m’en empêchaient.

Ma vue était brouillée par les larmes. Erin s’est approchée et s’est accroupie pour examiner mon chat.

— Ses blessures sont internes.

J’ai aussitôt compris à son expression que Dagda allait mourir.

Je ne savais pas quoi faire. Je n’osais pas le bouger de peur d’aggraver son état. Les larmes ont fini par couler sur mes joues, tandis que je regardais sa fourrure trempée par la neige fondue.

Je ne pouvais pourtant pas le laisser là, le regarder mourir dans la rue. Je l’ai pris au creux de mes bras.

Mary K. était toujours pétrifiée au même endroit.

— Morgan, a murmuré Erin en se penchant sur Dagda.

J’aurais voulu lui crier dessus, lui ordonner de s’écarter de lui, de le laisser tranquille. J’en ai été incapable. Elle a placé sa main au-dessus de lui et m’a jeté un regard interrogateur.

Je me suis alors souvenue qu’Erin était une guérisseuse. Les flancs de Dagda se soulevaient péniblement tandis qu’il luttait pour continuer à respirer. De violents sanglots m’ont secouée. Erin pouvait-elle le soigner ? Il était sans doute trop atteint, même pour une sorcière de son acabit.

Erin m’a serré l’épaule. Une nouvelle fois, j’ai senti sa force se déverser en moi.

— Calme-toi, m’a-t-elle soufflé doucement. Ne te laisse pas dominer par tes émotions.

J’ai inspiré profondément. Une fois. Puis deux. Je n’ai rien dit lorsqu’elle a posé la main sur la tête de Dagda. Elle l’a caressé tendrement, d’un geste aussi doux que le frôlement d’une aile de papillon. Les yeux clos, elle s’est immobilisée un instant. J’ai retenu mon souffle. Je ne sais pas combien de temps nous sommes restées ainsi – cinq minutes… ou cinq heures.

Dagda a poussé un petit miaulement.

— Oh ! Doux Jésus ! s’est réjouie la conductrice. Dieu soit loué ! Je croyais que je l’avais tué !

— Il est gravement blessé, m’a avertie Erin, la mine sombre. Tu devrais l’emmener chez le vétérinaire dès que possible.

— J’en connais une formidable, ai-je répondu en pensant aussitôt à Paula, la petite amie de ma tante.

Sa clinique, qui se trouvait à quinze minutes de voiture, était la plus proche.

— Merci, Erin.

Pour une raison qui m’échappait, je me suis tournée vers la femme pour la rassurer :

— Il va s’en tirer.

— Bénie sois-tu, m’a répondu l’inconnue, ce qui m’a semblé à la fois bizarre, gentil et étrangement approprié.

Sans lâcher Dagda, j’ai sorti de ma poche mes clés de voiture.

— Morgan ? a lancé une petite voix dans mon dos.

C’était Mary K. Elle paraissait perdue.

— Est-ce que je peux venir avec toi ?

— Bien sûr, ai-je murmuré sans réfléchir.

L'appel
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